Comme les peuples occidentaux chaque 1er jour du calendrier grégorien (le 1er janvier), l’Asie s’apprête à célébrer très prochainement la nouvelle année ! Des fêtes que le grand public connait finalement peu et une occasion – pour nous- de mettre en lumière leurs histoires, coutumes, célébrations et plats traditionnels. Départ pour le Vietnam et la Chine…
Chaque année, entre le 21 janvier et le 20 février !

A la différence de la nouvelle année « occidentale », calée sur le calendrier grégorien, le Nouvel An -pour les exemples précis du Vietnam et de la Chine- se fête selon un calendrier luni-solaire (en lien avec le cycle annuel du soleil et le cycle régulier des phases de la Lune). Un alignement astronomique qui est chaque année signalé par l’observatoire de la Montagne Pourpre à Nankin, en Chine. Ainsi, chaque année, le Nouvel An se tient le premier jour de la nouvelle lune, entre le 21 janvier et le 20 février, et aura lieu en 2015 le 19 février prochain ! Si en Chine, on l’appelle le Nouvel An chinois (Nónglì Xinnián) qui correspond à la Fête du printemps, au Vietnam le Nouvel An se nomme la Fête du « Têt Nguyên Dán » ou plus simplement « Têt ». Les deux « Nouvel An » se tiennent généralement à la même date, même si certaines années, il arrive qu’il y ait un décalage d’une journée -chaque 22 ou 23 ans- qui s’explique par le décalage horaire entre Pékin et Hanoï et par la nécessité de compenser cet écart. Ainsi, si les médias chaque début d’année parlent du Nouvel An chinois pour parler de ce premier jour de l’année, il conviendrait en fait de l’appeler Nouvel An lunaire car même si la célébration chinoise est certainement la plus importante –du fait de l’influence de la culture chinoise dans de nombreux pays et des migrations (Taïwan, Hong Kong, Macao, Singapour, Malaisie, etc.)-, ce Nouvel An n’est pas uniquement célébré par les Chinois.
Cette année sera sous le signe de la chèvre de bois…
Ainsi, le Nouvel An au Vietnam et en Chine sera fêté comme il se doit cette année le 19 février prochain, et fera entrer ces deux pays dans une année sous le signe de la chèvre de bois.
La chèvre, vous le savez certainement, est comme le singe, le serpent ou encore le buffle…, un signe astrologique asiatique dont le système en compte douze au total. En prime, les années sont aussi placées sous le signe d’un des cinq éléments de la culture asiatique : le métal, l’eau, le bois, le feu et la terre. Une année sous le trait de caractère de la chèvre de bois renvoie aux notions de liberté, de créativité, d’émancipation, d’imaginaire, de fantaisie en somme. L’année de la chèvre de bois laisse donc place à l’artistique et à l’originalité, mais aussi à la dépense et à une certaine propension à braver l’autorité. Une année remplie de rebondissements !
Des fêtes familiales, hautement symboliques et pleines de couleurs !
Mais comment se déclinent les célébrations et traditions du Nouvel An, en Chine et au Vietnam ?! Pour résumer, nous pouvons dire qu’il s’agit littéralement de fêtes familiales, autour de valeurs positives, de nombreux symboles et remplies de couleurs.

Au Vietnam, le Têt est l’occasion pour les vietnamiens de se rassembler, de voir tous les membres de la famille et d’espérer ensemble que la chance soit présente tout au long de l’année. Il est de coutume de nettoyer et décorer sa demeure par le biais de fleurs de soucis qui symbolisent la longévité. Le premier jour des festivités –qui durent au total trois journées selon la tradition (de l’avant-veille au jour du Nouvel An)- est celui dédié aux visites de proches. On visite les personnes, on présente ses vœux de bonheur prospérité et longévité, on rend un culte aux ancêtres et disparus, on prie dans les temples, on donne de l’argent aux plus jeunes dans une traditionnelle enveloppe rouge, ainsi qu’aux plus âgés. A cette occasion, les enfants portent leurs nouveaux vêtements et font éclater des pétards pour éloigner les mauvais esprits. Ce premier jour est le plus important. Les Vietnamiens considèrent d’ailleurs que le premier visiteur qui foule le seuil de leur demeure porte en lui le signe de la bonne ou mauvaise fortune de l’année qui débute. Ainsi, le choix de la première maison visitée n’est jamais anodin et ne se fait jamais sans y être d’abord invité. De fait, certains chefs de famille –pour déjouer le sort- sortent de chez eux à minuit et re-rentrent aussitôt après. Le second jour du Nouvel An est dédié aux parents et amis, tandis que le troisième est celui réservé aux enseignants. A noter qu’il est de très mauvais augure de passer le balai le jour de Têt, car cela symbolise le fait de « balayer sa chance au loin ». Autre particularité, il est pour l’ensemble de la population une journée qui influence les prochaines sur l’année. Ainsi, en ce jour sacré, il est de rigueur de ne pas crier, jurer ou encore se mettre en colère. Enfin, le Têt est à la fois le Nouvel An et l’anniversaire du peuple. De fait, chaque Vietnamien prend un an de plus en ce jour.

En Chine, la célébration du Nouvel An est différente. Le point commun entre ces deux fêtes ? Elles sont toutes deux les événements les plus importants de l’année, et sont par conséquents synonymes de congés, de ponts, vacances et de migrations intenses pour se rapprocher des siens et fêter la nouvelle année ensemble ! En République populaire de Chine, les festivités durent au total sept jours, mais la durée du Nouvel An varie d’un lieu à un autre : environ cinq jours à Taïwan, trois jours à Hong Kong, etc. Ainsi, au cœur de la Chine, les festivités débutent dans la semaine précédant le Nouvel An. Ce « petit Nouvel An », comme il est nommé, consiste en une cérémonie d’adieu au Dieu du foyer, dont l’effigie est généralement collée dans la cuisine. La croyance dit que celui-ci part, à cette période, rapporter à l’Empereur de Jade les bonnes et mauvaises actions de la famille auprès de l’Empereur de jade. Pour obtenir sa clémence, la famille dépose alors des aliments devant son image en espérant l’empêcher de dire du mal. Celui-ci est ensuite brûlé, et le Génie s’envole avec la fumée. Un nouveau portrait est ensuite affiché pour symboliser son retour. Cette semaine de fête est aussi synonyme de grand nettoyage dans les demeures et on inscrit aussi sur des papiers rouges (qui symbolisent la chance) des caractères faisant appel au bonheur. De grandes courses de nourriture sont faites ainsi que l’achat de vêtements neufs, notamment pour les enfants. Quand le réveillon arrive, le repas est célébré au domicile des aînés de la famille, souvent du côté paternel. Lors de cette soirée, des enveloppes rouges –comme au Vietnam- contenant de l’argent sont offertes aux enfants et jeunes adultes célibataires. La coutume veut que l’on se couche le plus tard possible lors de ce réveillon, pour s’offrir le maximum de longévité. Le jour de l’An, des pétards sont allumés vers minuit et au petit matin, la tradition veut que l’on se rende au temple ainsi que sur les tombes des ancêtres. La journée est ensuite consacrée aux visites par ordre d’importance, afin de « saluer l’année ». Porter du rouge ce jour-là, notamment sur des vêtements neufs, est de bon augure. Et, comme au Vietnam, il ne faut pas balayer des détritus au sol et les déposer dehors car cela est symbole de perte. S’enchainent ensuite durant les prochains jours de nombreux autres rituels. Entre autres, le second jour, les femmes mariées vont voir leurs familles, le cinquième des pétards sont allumés, le huitième ou neuvième jour est l’anniversaire du Dieu du Ciel et une cérémonie se déroule chez soi ou au temple tard le soir. Enfin, le quinzième jour du premier mois de cette nouvelle année est l’ultime jour de cette Fête du printemps, symbolisé par la désormais connue Fête des lanternes largement médiatisée.
De la nourriture pour le corps… et pour l’année à venir…

Outre les coutumes et rituels traditionnels associés au Nouvel An au Vietnam et en Chine, la nourriture –elle aussi- occupe une place de choix. Sa réussite est le gage d’une année à venir sous les meilleurs auspices. Pour preuve, en Chine au moment du réveillon, le dîner ne peut commencer si tout le monde n’est pas arrivé et on laisse même des places vides pour les absents.
En Chine, donc, les plats de cette fête se doivent d’être copieux… Et, s’il s’agit de nourriture pour le corps, c’est aussi de la nourriture pour l’année à venir ! En somme, les plats choisis sont chargés en symbolique et doivent augurer le meilleur côté santé, mais aussi dans tous les champs de la vie quotidienne. Les Chinois choisissent du poisson pour ne manquer de rien. Une croyance renforcée si, en prime, on ne finit pas son assiette ! Les raviolis, avec leur forme de lingots, apportent l’opulence, et le dessert traditionnel –le niángāo- est un gage de croissance dans les domaines souhaités. La Fondue (cf. notre précédent article) tient aussi une place de choix ainsi que les soupes. En fin de repas, fruits, confiseries et gâteaux renvoient aux bonheurs prochains…
Au Vietnam, par contre, en période de Nouvel An, la population optera pour du Banh Chung, un plat traditionnel qui est un gâteau de riz gluant de forme carrée, enveloppé dans des feuilles de bananiers et farci de viande de porc, de haricots et de soja. Il symbolise la Terre. Ils peuvent aussi opter pour le Thit Kho Nuoc Dua, un plat de viande cuite dans du jus de noix de coco et du Nuoc Mam. Les Vietnamiens mangent aussi, en ces circonstances, des légumes et fruits confits au sucre, des graines de pastèques grillées, du riz cuit, des légumes marinés (poireaux, choux, oignons…).
En somme, de la nourriture et des traditions hautes en symboles qui doivent augurer bonheur, longévité et prospérité pour l’année à venir… Il en sera aussi bientôt de même, au mois d’avril au Laos ainsi qu’en Thaïlande, pays où le Nouvel An –respectivement appelé « Pimai » ou « Songkran » (Fête de l’année nouvelle sous le signe de l’eau)- se tient au mois d’Avril (entre le 13 et le 16), mois le plus chaud en écho à l’arrivée prochaine de la saison des pluies (nous dédierons prochainement un autre article à ce sujet).
Alors, prêts à fêter le Nouvel An ?!